La théorie de Hegel sur la conscience
Explorons les dimensions de la conscience, ses origines et ses implications, afin de mieux comprendre ce qui fait de nous des êtres conscients et réfléchis.
1. La conscience : mystère ou évidence ?
La conscience, c'est la capacité qu'a un être humain de percevoir ce qui se passe en lui-même comme ses pensées ou ses émotions. C'est aussi la capacité de comprendre et de saisir ce qui se passe autour de lui, son environnement.
La conscience nous permet de réfléchir, de faire des choix, et de distinguer le bien du mal. Pour faire simple, la conscience c'est ce qui nous rend capables de comprendre que nous existons et d'interagir de manière réfléchie avec les autres et le monde. L'idée de conscience réfléchie renvoie à l'étymologie du terme « conscience » dérivé du latin.
La conscience :
Vient du latin "cum scientia" qui signifie « accompagné de savoir »
La conscience, c'est : "je sais que je sais"
C'est donc la perception plus ou moins claire qu’a l’individu de son état, de sa relation au monde et de lui-même.
2. Conscience morale ou conscience psychologique ?
Traditionnellement, on distingue la conscience morale de la conscience psychologique.
🧐 La conscience morale
La conscience morale est la capacité d'un individu à différencier le bien du mal. Elle repose sur l'existence, en chaque personne, de valeurs qui aident à distinguer le bien du mal. Cela soulève alors une question importante : d'où viennent ces valeurs ? Sont-elles imposées par une influence extérieure comme les amis, la famille, la société ou Dieu ? Ou bien ces valeurs sont-elles le fruit de mes propres découvertes et inventions ?
🧐 La conscience psychologique
La conscience psychologique, c'est donc la capacité d'un individu à être attentif et réceptif à ses propres pensées, ses émotions, ses sensations, ainsi qu'à son environnement.
A l'intérieur de la conscience psychologique, on différencie la conscience « immédiate » de la conscience « réfléchie ».
La conscience immédiate est la faculté de prendre connaissance des objets extérieurs et des idées présentes dans notre esprit comme par exemple, percevoir un arbre ou concevoir un triangle rectangle.
La conscience réfléchie, quant à elle, est la capacité de revenir sur nos perceptions ou nos pensées comme savoir que l’on est en train de percevoir un arbre ou de concevoir un triangle rectangle.
3. La notion de conscience chez Hegel
Dans le Tome I de son livre Cours d’esthétique, Hegel explore la manière dont l'homme se connaît lui-même à travers deux types de conscience. Selon lui, l'homme est animé par une quête perpétuelle de soi, une recherche constante de ce qu'il est. Il distingue donc :
La conscience de soi (pour-soi) : Hegel soutient que l'esprit humain a un pouvoir unique : celui de revenir sur lui-même pour se connaître. C'est cette conscience de soi qui permet à l'homme de s'interroger sur son existence et son identité.
La manière théorique (ou conscience réfléchie) : c'est le mode intérieur de connaissance de soi. Il s'agit de la capacité de l'esprit à analyser ses pensées et ses actions. L'homme réfléchit sur ce qu'il fait ou pense, et c'est cette introspection qui lui permet de mieux se comprendre.
La manière pratique (ou conscience extérieure) : ce mode concerne la transformation de la nature. L'esprit humain ne se contente pas de réfléchir ; il agit sur le monde. Par ses actions et ses transformations du monde extérieur, l'homme découvre l'esprit créateur et transformateur qui était jusqu'alors invisible ou inaperçu.
📌 Synthèse
L'être humain se réalise comme sujet dès lors qu'il prend conscience de lui-même.
Etre conscient de soi, c'est réfléchir, sur sa propre pensée et sur les valeurs du monde.
Chez Hegel, la conscience est toujours en quête de connaissance et d'identité, cherchant à dépasser les contradictions pour atteindre une compréhension plus élevée de la réalité et d'elle-même.
🤔 Extrait - Hegel - Cours d'esthétique - Tome I
« Les choses naturelles ne sont qu’immédiatement et pour ainsi dire en un seul exemplaire, mais l’homme, en tant qu’esprit, se redouble, car d’abord il est au même titre que les choses naturelles sont, mais ensuite, et tout aussi bien, il est pour soi, se contemple, se représente lui-même, pense et n’est esprit que par cet être-pour-soi actif. L’homme obtient cette conscience de soi-même de deux manières différentes : premièrement de manière théorique, dans la mesure où il est nécessairement amené à se rendre intérieurement conscient à lui-même, où il lui faut contempler et se représenter ce qui s’agite dans la poitrine humaine, ce qui s’active en elle et la travaille souterrainement, se contempler et se représenter lui-même de façon générale, se fixer à son usage ce que la pensée trouve comme étant l’essence, et ne connaître, tant dans ce qu’il a suscité à partir de soi-même que dans ce qu’il a reçu du dehors, que soi-même. – Deuxièmement, l’homme devient pour soi par son activité pratique, dès lors qu’il est instinctivement porté à se produire lui-même au jour tout comme à se reconnaître lui-même dans ce qui lui est donné immédiatement et s’offre à lui extérieurement. Il accomplit cette fin en transformant les choses extérieures, auxquelles il appose le sceau de son intériorité et dans lesquelles il retrouve dès lors ses propres déterminations. L’homme agit ainsi pour enlever, en tant que sujet libre, son âpre étrangeté au monde extérieur et ne jouir dans la figure des choses que d’une réalité extérieure de soi-même. La première pulsion de l’enfant porte déjà en elle cette transformation pratique des choses extérieures ; le petit garçon qui jette des cailloux dans la rivière et regarde les ronds formés à la surface de l’eau admire en eux une oeuvre qui lui donne à voir ce qui est sien. Ce besoin passe par les manifestations les plus variées et les figures les plus diverses avant d’aboutir à ce mode de production de soi-même dans les choses extérieures tel qu’il se manifeste dans l’oeuvre d’art. »
Hegel, Cours d’esthétique (1818-1829), Tome I